l'autre fille (ou pour ne pas en finir avec les coïncidences)
06May06 | cheveux
(photo extraite des Autres filles de Caroline Vignal)
Dans le Tiroir à cheveux, il y a une autre fille : je cherche son nom depuis longtemps. À chaque rencontre avec des lecteurs, à chaque fois qu'on me demande "pourquoi une coiffeuse" ? Dans des salons du livre, dans des médiathèques, à la radio, à la télé, partout je l'ai dit : parce qu'au moment de l'écriture du livre j'ai vu un film à la télé, un très beau film, dans lequel une jeune fille, élève en LEP (section coiffure) découvrait la sexualité, les autres, etc, et tout ou presque passait par des gestes aux cheveux : par exemple, je me souviens que pour approcher un garçon elle lui disait "est-ce que je peux te couper les cheveux" et j'ai une scène en mémoire, très sensuelle, érotique même, très belle, d'une coupe de cheveux à un garçon...
Vendredi à Le Pin lors d'une rencontre encore, on me pose cette question, et je réponds pareil: "parce qu'au moment de l'écriture du livre j'ai vu à la télé etc" et cette fois j'ajoute "maintenant que l'INA à ouvert ses archives sur le net, il faut absolument que j'aille farfouiller pour trouver le nom du film"...
Mais je n'ai pas eu besoin d'aller farfouiller à l'inanet. À la fin de la rencontre, séance dédicaces : et voilà que je signe un Tiroir à cheveux pour une dame qui prétend être la belle-mère d'une fille qui aurait réalisé un film comme ça. Quoi ?!! Une dame s'intéresse à mon livre, une dame habitant près du Lac de Paladru, il doit y avoir à peine une vingtaine de personnes à cette soirée, et cette dame serait la belle-mère de la fille qui a fait de ma narratrice une coiffeuse? Je lui demande les références, je suis toute, toute, je sais pas quoi... À peine rentrée je vérifie... et voilà, une des meilleures coïncidences du moment (et pourtant y'en a hein, faut voir les histoires de Clopine et Gilda).
Le film s'appelle les Les autres filles, il a été réalisé par Caroline Vignal, dont j'attends impatiemment un e-mail (via sa belle-mère !). Bien sûr comme rien n'est assez gros pour les coïncidences, c'est pas le tout, cette fille se dit originaire de Béziers, là où j'allais au lycée (Pas devant les gens se situe dans une ville en partie faite de morceaux de Béziers, en particulier le lycée Henry IV avec sa vue sur la prison) et c'est tout près de Béziers que se trouve le village du Tiroir à cheveux.
Mais je laisse parler Caroline :
«J’ai eu envie, ou besoin, de m’éloigner de moi-même, d’aller voir ailleurs. Écrire,
ça peut être un alibi en or pour aller là où on n’est pas censé aller, rencontrer des
gens qu’on n’est pas censé rencontrer... J’ai eu tôt l’idée de la coiffure, je ne sais
plus comment, c’était une intuition bonne, car en allant dans les lycées profes-
sionnels regarder ce qui s’y passait, j’ai vu se cristalliser sous mes yeux beaucoup
de questions que j’avais envie d’aborder : la découverte et l’acceptation de sa
propre féminité, le regard des autres, le regard de soi... J’ai besoin du biais d’un
personnage pour rentrer dans une histoire."
Voilà, même plus besoin de répondre aux questions, tellement c'est ça... Et encore :
Les «grands sujets» ne m’intéressent pas, j’ai envie de partir de l’anecdotique, du très ordinaire: ce qui m’intéresse,
c’est le regard qu’un personnage peut porter sur ces choses si «petites», si «insi-
gnifiantes» soient-elles, comment il les vit, ce qu’il ressent...»
Parce que c'est ce que j'essaie d'expliquer, maladroitement, ce que je n'arrête pas de "revendiquer"...
Plus qu'une rencontre avec la belle-mère de Caroline, je viens de rencontrer à nouveau ce film, je retrouve tout, j'en suis très troublée, émue, parce que j'ai écrit ce livre à côté de ces Autres filles, tout comme je me sentais à côté de La Religieuse, (sauf que si je rencontre la belle-mère de Diderot, je me fais none, cette fois).
Dans le Tiroir à cheveux, il y a une autre fille : je cherche son nom depuis longtemps. À chaque rencontre avec des lecteurs, à chaque fois qu'on me demande "pourquoi une coiffeuse" ? Dans des salons du livre, dans des médiathèques, à la radio, à la télé, partout je l'ai dit : parce qu'au moment de l'écriture du livre j'ai vu un film à la télé, un très beau film, dans lequel une jeune fille, élève en LEP (section coiffure) découvrait la sexualité, les autres, etc, et tout ou presque passait par des gestes aux cheveux : par exemple, je me souviens que pour approcher un garçon elle lui disait "est-ce que je peux te couper les cheveux" et j'ai une scène en mémoire, très sensuelle, érotique même, très belle, d'une coupe de cheveux à un garçon...
Vendredi à Le Pin lors d'une rencontre encore, on me pose cette question, et je réponds pareil: "parce qu'au moment de l'écriture du livre j'ai vu à la télé etc" et cette fois j'ajoute "maintenant que l'INA à ouvert ses archives sur le net, il faut absolument que j'aille farfouiller pour trouver le nom du film"...
Mais je n'ai pas eu besoin d'aller farfouiller à l'inanet. À la fin de la rencontre, séance dédicaces : et voilà que je signe un Tiroir à cheveux pour une dame qui prétend être la belle-mère d'une fille qui aurait réalisé un film comme ça. Quoi ?!! Une dame s'intéresse à mon livre, une dame habitant près du Lac de Paladru, il doit y avoir à peine une vingtaine de personnes à cette soirée, et cette dame serait la belle-mère de la fille qui a fait de ma narratrice une coiffeuse? Je lui demande les références, je suis toute, toute, je sais pas quoi... À peine rentrée je vérifie... et voilà, une des meilleures coïncidences du moment (et pourtant y'en a hein, faut voir les histoires de Clopine et Gilda).
Le film s'appelle les Les autres filles, il a été réalisé par Caroline Vignal, dont j'attends impatiemment un e-mail (via sa belle-mère !). Bien sûr comme rien n'est assez gros pour les coïncidences, c'est pas le tout, cette fille se dit originaire de Béziers, là où j'allais au lycée (Pas devant les gens se situe dans une ville en partie faite de morceaux de Béziers, en particulier le lycée Henry IV avec sa vue sur la prison) et c'est tout près de Béziers que se trouve le village du Tiroir à cheveux.
Mais je laisse parler Caroline :
«J’ai eu envie, ou besoin, de m’éloigner de moi-même, d’aller voir ailleurs. Écrire,
ça peut être un alibi en or pour aller là où on n’est pas censé aller, rencontrer des
gens qu’on n’est pas censé rencontrer... J’ai eu tôt l’idée de la coiffure, je ne sais
plus comment, c’était une intuition bonne, car en allant dans les lycées profes-
sionnels regarder ce qui s’y passait, j’ai vu se cristalliser sous mes yeux beaucoup
de questions que j’avais envie d’aborder : la découverte et l’acceptation de sa
propre féminité, le regard des autres, le regard de soi... J’ai besoin du biais d’un
personnage pour rentrer dans une histoire."
Voilà, même plus besoin de répondre aux questions, tellement c'est ça... Et encore :
Les «grands sujets» ne m’intéressent pas, j’ai envie de partir de l’anecdotique, du très ordinaire: ce qui m’intéresse,
c’est le regard qu’un personnage peut porter sur ces choses si «petites», si «insi-
gnifiantes» soient-elles, comment il les vit, ce qu’il ressent...»
Parce que c'est ce que j'essaie d'expliquer, maladroitement, ce que je n'arrête pas de "revendiquer"...
Plus qu'une rencontre avec la belle-mère de Caroline, je viens de rencontrer à nouveau ce film, je retrouve tout, j'en suis très troublée, émue, parce que j'ai écrit ce livre à côté de ces Autres filles, tout comme je me sentais à côté de La Religieuse, (sauf que si je rencontre la belle-mère de Diderot, je me fais none, cette fois).
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