givrés
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Pas de neige ce Noël, mais du givre. Pas de pères Noël Coca-Cola* à nos branches, il auraient finis tout blancs n'importe comment...

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N'empêche en ville, c'est la surenchère, et même dans les villages traversés : merci aux givrés Philippe De Jonckheere et Anne Verley pour avoir mis des actes sur mes pensées et ce en plein réveillon !

*Au moins, pas de doute, on sait clairement que le père Noël est une vaste campagne de pub, et je ne remercierais jamais assez mes parents ne n'avoir pas essayé de me pousser à y croire, à croire à quoi, au monde libéral ? Mes enfants non plus n'y croient pas...
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mais que s'est-il passé ?
J'ai lancé un sujet obligeant mes élèves à "penser" l'image, en particulier l'image photographique*.
Bien entendu, il a fallu qu'un groupe profite de l'aubaine pour inclure "la prof" dans travail. Je leur ai dit mais bien sûr que si, vous pouvez, mais après, je fais ce que je veux de la photo...

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Non, je ne grimace pas, je me retiens juste de rire.
La réponse exacte à la question "Mais que s'est-il passé ?" le 9 ou le 16 janvier lors de la "verbalisation"**.

* le voici en détails :

Mais que s’est-il passé ?

Un évènement que vous définirez vient de se produire dans la salle de classe. Vous disposez d'un appareil photo numérique pour nous en proposer une représentation photographique.

Conditions
Travail par groupes de deux ou trois élèves.
Trois séances de cinquante-cinq minutes dans la salle d'arts plastiques.
- 1ère séance : Recherches avec un cadreur (rectangle évidé dans un carton rigide, aux proportions de l’écran photo numérique : 5X3,5cm).
- 2ème séance : prise de vue : au maximum 3/4 minutes par groupe
**- 3ème séance : verbalisation : présentation par chaque groupe de sa photographie à l'écran de l'ordinateur relié au vidéo-projecteur, en précisant clairement l'intention et la démarche.

Relation aux programmes et accompagnements
Le dispositif de représentation - L'image : cadrage - les différents types d'images en fonction de l'intention - Intégration des outils numériques à l'enseignement des arts plastiques
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À déguster sans modération
chais + verre

... Chais avec entre autres un texte de Joël Bastard ("Derrière le fleuve", extrait du journal de Ségou Koura, Mali) aux Editions Nuits Myrtide.

"Bakofè", extrait d'un long poème lui aussi écrit à Ségou Koura, est publié dans la revue Autre Sud (décembre 2006-n°35 ).

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une lecture dans le malentendu
J'ai été très inquiète et très surprise de cette lecture, le 18 novembre, à Clichy-sous-bois.
Tout d'abord, la fille qui doit lire me montre ses notes, elle a suivi, me dit-elle, un stage pour savoir comment lire un texte littéraire, on lui a appris à écrire des informations sur le texte, dans le texte, à côté du texte, pour la lecture, et je trouve ces "gribouillis" fascinants :

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Puis elle lit le texte, très impliquée, et je trouve à cette lecture une maladresse touchante, je l'écoute attentivement, mais je ne comprends pas d'où elle vient cette sorte de gaucherie.
Plus tard, cette fille extraordinaire me fera cette "confidence" : vous savez, je suis malentendante.
Je travaille déjà à ce moment là sur Les Mains gamines, dans lequel la narratrice a un sacré problème d'oreilles, mais rien à faire, je n'avais pas compris une seule minute que cette fille n'entendait tout simplement pas comme moi...

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la fugue des chevaux
C'est une petite histoire "à la Karine" :

Aujourd'hui je suis au collège de la montagne, près de chez moi.

Je pars donc un peu plus tard, avec ma fille, qui n'a dès lors pas à marcher sur plusieurs centaines de mètres (presque une borne) dans le grésil (s'il neige, presque trois kilomètres). On se dispute parce que je suis à la traîne et qu'elle ne veut pas être en retard. Quand je rentre enfin dans la voiture elle s'écrie "maman ! y'a des chevaux !".

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Je la regarde incrédule puis je regarde vers où elle regarde (un renard, un sanglier, un chevreuil, une vache fugueuse, des chasseurs, des types qui cherchent la route des éoliennes, un livreur agacé de perdre une demi-journée par ce qu'on habite "trop loin" - trop loin de quoi ?- oui, mais des chevaux ?).

Eux aussi nous regardent étonnés, deux magnifiques chevaux de traits noirs, un mâle (légère trique matinale) et sa donzelle.

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Je sais qu'il arrive à nos voisins de prendre en pension des chevaux de Haute-Loire*, mais ceux-là ont largement dépassé les limites. Ils s'étirent dans notre champ, se frottent à nos arbres, s'amusent à secouer nos hamacs (j'espère qu'ils vont pas essayer la balancelle), pissent et chient partout, et martèlent le sol de leur pas lourds.
Et (je le verrai en découvrant dans l'après-midi les photos de mon webmaster), broutent tout près de mon linge (et Sylvère qui est allergique !).

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Lola est aux anges, elle qui fait de la voltige.

Je préviens mon webmaster de mari, qu'il laisse pas le petit débouler dehors comme un dingue, et qu'il prenne des photos. Puis je démarre doucement en essayant de passer dans leur nouveau territoire sans les énerver.

Ce soir quand je reviens du collège, ils sont encore là et s'agacent de devoir me laisser passer.

* En fait ce n'est pas la saison et l'on saura en fin de journée qu'ils viennent de beaucoup plus loin, ayant parcouru des dizaines de kilomètres pour venir passer toute la journée chez nous.
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qu'est-ce que vous fabriquez ?
Première note hors catégorie...

Je suis invitée par la médiathèque de Cahors pour tenter de répondre à une drôle de question. D'autres auteurs vont devoir aussi y réfléchir :
Régine Detambel sera la première à venir (on m'a souvent dit que nos écritures étaient comme "cousines", je n'ai pas encore vérifié, mais ça ne saurait tarder, ça me tente), fin janvier. Je serai la deuxième, le 24 mars. Ensuite Jean-Hubert Gailliot, en mai sans doute et Christian Prigent en octobre, et sans doute d'autres encore.

J'ai déjà quelques idées de réponses personnelles, mais avant de les mettre en ligne, je laisse aux lecteurs de ce cahier travailler un peu aussi sur cette question engagée :

qu’est-ce que nous fabriquons, en lisant, en écrivant ?


« Qu’est-ce que vous fabriquez ?»

« Qu’est-ce que vous fabriquez ?»
Devant les incertitudes auxquelles se trouvent aujourd’hui confrontés le livre, l’édition et la littérature elle-même, il ne paraît pas vain de poser cette question à des écrivains.
Poser cette question, c’est tenter de savoir ce qui fait que nous nous attachons toujours à la littérature et à la lecture.
«Qu’est-ce que vous fabriquez ?» Les réponses pourraient aussi être une voie permettant aux lecteurs une approche, une découverte de la création littéraire contemporaine, de ses thèmes et de ses genres, de ses pratiques, de ses œuvres.
« Qu’est-ce que vous fabriquez ?» c’est la question que pose la médiathèque du Pays de Cahors à des auteurs, retenus pour la qualité et la nouveauté de leurs livres. Elle leur demande d’y répondre, de la façon dont ils le souhaitent, lors d’une rencontre publique.

En amont, la médiathèque proposera fortement, bien évidemment, la lecture des livres de l’auteur en les recommandant et en les mettant en avant à l’intérieur de ses locaux. La médiathèque constituera également des réunions de lecteurs autour de ces livres afin que les points de vue et les questionnements de lecture se révèlent. Des échanges de correspondance pourront avoir lieu entre ces lecteurs et l’auteur. Toute autre forme d’encouragement à lire sera recherchée.

La rencontre publique sera un moment particulier où l’auteur dira « ce qu’il fabrique », sous la forme qui lui conviendra. Le public sera invité à accompagner l’auteur afin que le « qu’est-ce que vous fabriquez ?» posé à l’auteur devienne un « qu’est-ce que nous fabriquons ?», « en lisant, en écrivant ».

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interpréter
L'interprète explique, éclaircit, traduit, prend dans tel ou tel sens, comprend la pensée de quelqu'un, propose un sens à quelque chose... il est intermédiaire, et même, crieur public.

Il est tout cela à la fois sans doute LL.Mars dans ce livre extraordinaire découvert dans le désordre.

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Fascinant pas à pas pour essayer de suivre un bout de cette étonnante interprétation des Chants de Maldoror.
Une interprétation enfin aussi peu sage que le texte.

Ce dessin en particulier me laisse interdite : il est difficile à supporter et, dans le même temps, il m'est étrangement familier.

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Il me semble le connaître depuis très longtemps, il me semble avoir été à la fois cet enfant et cette mère. Mais où et quand je ne sais plus, peut-être adolescente à la gendarmerie lorsque je lisais Ducasse comme (presque ?) tous les jeunes de mon âge. Mais aussi bien n'importe quand, n'importe où, lorsque l'indicible, l'invisible prend le visage grimaçant de l'adulte. Mais aussi bien chaque jour, lorsque je suis cette adulte qui voudrait aveugler emmurer rendre muets nos propres enfants, pour qu'ils ne connaissent pas ça. Mais quoi ça ?


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sortez de nos salles de classe
J'ai affiché cette image sur le tableau de ma salle, pour que mes élèves la décryptent d'eux-mêmes.pubs002
Parce que...... je ne les laisserai démarcher ni mes enfants ni mes élèves... Je ne laisserai pas ce prosélytisme insidieux faire son entrée dans l'école laïque.Je ne laisserai pas les entreprises faire leur marché dans mes classes.Je ne les laisserai pas faire de la pub sous prétexte de mallettes pédagogiques, et encore moins pré-recruter leurs futurs salariés en 3ème. Non, je le répète aux parents d'élèves, non, nous ne sommes pas là pour préparer les élèves à leur futur métier, non, les arts plastiques ne servent à rien, ni les maths, ni les lettres, juste à réfléchir, à créer, à décoder des textes et des images, apprendre à apprendre, se forger un esprit critique, apprendre à vivre ensemble, faire des élèves des citoyens responsables, autonomes et avisés.



PUBLICITAIRES ET MARCHANDS, HORS DE L’ ECOLE !



Microsoft, Danone, l’Institut de l’entreprise, le CIC, Leclerc, Nestlé, le MEDEF, Disneyland…La liste des « partenaires » de l’Education nationale ne cesse de s’élargir, les intrusions publicitaires, idéologiques et commerciales se multiplient au sein du service public.

Nous demandons le strict respect du principe de neutralité scolaire régulièrement rappelé, jusqu’en 2001, par de nombreuses circulaires et notes de service émanant du ministère de l’Education nationale :
«  Il ne sera pas donné suite aux sollicitations du secteur privé, dont les visées ont généralement un caractère publicitaire et commercial », disait encore la note de service n° 99-118 du 9 août 1999.

En 2001, une circulaire, dite, « code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » (circulaire n°2001-053 du 28 mars 2001) a instauré des pratiques contraires au principe de neutralité. C’est ainsi que ce texte autorise la publicité à l’école, invite les établissements à conclure des partenariats, remplace le principe de neutralité scolaire par la notion marchande de neutralité commerciale.

Un jugement a mis en évidence les atteintes à la neutralité dont ce texte est porteur :
Alors que le ministère justifiait l’organisation du jeu boursier du CIC dans les établissements par l’application de cette circulaire (courrier de mars 2003), le tribunal administratif de Cergy-Pontoise déclarait cette organisation illégale le 1
er juillet 2004 :
«  … ce jeu qui avait clairement des objectifs publicitaires et commerciaux pour la banque organisatrice tombait sous le coup de la prohibition des initiatives de nature publicitaire, commerciale, politique ou confessionnelle figurant au règlement intérieur de l’établissement ; qu’il contrevenait également au principe de neutralité de l’école… » (affaire n°0007594, requérant, G Molinier )

Nous rappelons avec force que l’éducation, l’acquisition de connaissances, l’exercice de l’esprit critique sont incompatibles avec la propagande publicitaire qui conditionne et aliène la pensée, que l’Ecole ne peut être subordonnée aux intérêts marchands, comme le demandent aujourd’hui le MEDEF et la commission européenne en prônant l’apprentissage d’une prétendue « culture entrepreneuriale ».

Nous demandons que le ministère de l’Education nationale assure ses missions et le financement de l’Ecole dans le respect de la neutralité scolaire, telle qu’entendue dans la note de service du 9août 1999.
Nous exprimons notre volonté de défendre une école laïque, indépendante de toute influence marchande.

Nous exigeons l’annulation du
« code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire. »

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la mort dans le temps et l'espace, phrases adolescentes
Le corps est au programme de la classe de 3ème*.

Je demande à mes élèves, avant de produire, de répondre à quelques questions autour du rideau de scène de l'opéra Shangaï peint par Olivier Debré (Il s'agit d'amener les élèves à se rendre compte de l'implication de tout le corps du peintre dans ces toiles gigantesques : 22mX14m)

Une des questions est celle-ci : Dans sa citation ("la peinture n'est que du temps devenu espace"), Olivier Debré rapproche-t-il la notion de temps et d 'espace? Expliquez.

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Aujourd'hui j'ai pu lire deux phrases écrites par deux élèves différents (une fille et un garçon) : "car l'espace est plus grand que le temps" et "parce que ça prend du temps pour peindre une toile et qu'il est mort avant sa mort".

Je ne peux m'empêcher de reproduire dans ce cahier de telles perles métaphysiques.

Phrases d'autant plus renversantes qu'elles ont été écrites lundi à 11H, heure et date auxquelles j'aurais du être à la cérémonie d'adieu à ma tante et j'ai vraiment cette impression terrible : elle est morte avant sa mort, et l'espace dès lors me paraît réellement plus grand que le temps.

*La question de la relation du corps
à la production artistique
Au cours du cycle central, les élèves ont été confrontés aux ques-
tions de la matérialité et de l’espace.
En classe de 3e, les élèves vont travailler sur les relations qui s’ins-
taurent entre le corps, l’œuvre, l’espace:
– implication du corps de l’auteur dans l’œuvre en cours d’éla-
boration (grands formats, postures, gestes, occupation de l’espace);
– lisibilité du processus de production (traces laissées par le
geste créateur, par exemple);
– présence matérielle de l’œuvre dans l’espace et investisse-
ment du lieu de présentation;
– relations spatiales entre l’œuvre et le spectateur («être devant»,
«tourner autour», «pénétrer l’œuvre», etc).

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au bord du lac, encore et toujours
Je n'ai pas le courage d'écrire. Pourtant, j'en ai tellement qui me serre les bronches, les paupières, que ça tiendrait des pages. Il me faut un peu de temps, simplement.

Je viens de perdre ma tante, la seule de la famille à qui j'envoyais mes livres*, j'étais très très attachée à elle.

Juste l'audace de mettre cette photo prise il y a trois ans dans l'Aveyron**.

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Et vous dire avec cette image ma douleur presque incompréhensible (démesurée ?) et le silence sans doute long qui va suivre.

*Je redoute la réception, prévue sous peu, des exemplaires auteurs des Adolescents troglodytes, je ne sais pas ce que je vais faire de "son" exemplaire.

**Cette petite maison au bord du lac de Villefranche était à ma tante, j'allais la retrouver là-bas quelquefois en vacances.
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des chiffres
Janvier 2007*
224 pages, 14,9 €
ISBN : 9782-84682-177-3

Voilà

* bon, j'ai une petite angoisse : toujours pas de neige le premier décembre (du jamais vu pour nous en 7 ans de Vercors et 2 ans de plateau ardéchois) et s'il ne neige pas d'ici janvier ? J'ai besoin de neige abondante, de tourmente, de burle et de glace, pour ce livre...

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