le webmaster
Ceux parmi vous qui arrivent depuis "les sardines" en ont entendu parler. Oui, non, je ne m'occupe pas des détails purement techniques de ce site. J'ai un webmaster.

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Ce webmaster est aussi mon mari. C'est pour ça, les sardines.

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Il fait aussi tout un tas d'autres choses.

C'est un patron, un patron de gauche (très de gauche, pas du milieu), un écolo, il est traducteur spécialisé (informatique) de l'anglais (US) vers le français. Architecte de formation, mais bricoleur, et président de l' "Association des parents d'élèves pour l'Ecole Publique des Hauts Plateaux Ardéchois"

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Il s'occupe aussi de nos trois enfants, retape notre maison, débite et fend le bois, ce qui n'est pas une mince affaire (nous nous chauffons intégralement au bois, nous chauffons au bois aussi l'eau, et nous sommes à 1200 mètres d'altitude).

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L'été où nous nous sommes rencontrés, il a abattu un arbre en feu et j'ai su que je l'épouserai, qu'il deviendrai le père de mes deux enfants, qu'on en aurait peut-être d'autres.

Mon frère s’est saoulé avec les autres. On a laissé mourir lentement les braises. Ils ont décidé de dormir là, dans des duvets, à la lisière changeante de l’eau. J’ai plaisanté sur leurs corps noyés de demain. Je suis monté dans notre chambre en regardant sans penser des lignes de fourmis sortir d’une fente de l’arbre mort. Je me sentais un peu mal à l’aise dans les draps, et soudain j’ai compris ce que faisaient ces fourmis. J’ai couru au-dehors.
Les flammes étaient déjà hautes devant le visage de papa, immobile en pyjama, désarmé. Je l’ai renvoyé au lit et je suis allé réveiller Axel. Il s’est dégagé brutalement du sac de couchage. Il a mis son jean en titubant et m’a crié d’aller chercher une hache, vite. Les autres ont bougé, ils étaient vraiment trop saouls, inutiles et entortillés. Ils se sont rendormis.
J’avais déjà déroulé un tuyau, mais je ne réussissais qu’à mouiller les flammes dans lesquelles je voyais le visage de papa faire non à la fenêtre de sa chambre. Du tuyau ne coulait qu’un mince jet ridicule, le captage était presque à sec. J’ai voulu transporter l’eau du lac avec des seaux. Mon frère, qui essayait de donner des coups de pieds au tronc, a crié à nouveau, arrête de faire le con, et rapporte-moi cette putain de hache.
Il a entrepris l’arbre à la cognée et j’ai reçu son corps en pleine figure.
Je voyais les épaules de mon frère bousculées par l’effort, ses bras tendus. Je voyais des flammelles au bout de ses mains fermées sur la hache prise dans la chair calcinée de l’écorce. J’entendais le grincement des fibres fumantes écartelées. Je voyais son torse sombre et rougeoyant, où crépitait la sueur et se perdaient des étincelles.
Et puis, tout s’est arrêté, et, d’un coup de pied fatigué, mon frère a fait rouler le tronc encore chaud dans la terre jusqu’à l’eau. Les éclaboussures et le bruit grésillant ont réveillé les autres, trempés, surpris, presque en colère.


Les Adolescents troglodytes, à paraître (POL, janvier 2007)

Plus tard j'ai décidé de changer de pseudo et de prendre son nom : pas dans ma vie de tous les jours, puisque j'ai déjà un nom pour ça (mon nom, le nom de mes parents), mais dans ma vie d'écrivain. Son nom pour écrire.

Sinon, il a plein de défauts mais je me les garde...

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