dans les tribunes du petit stade de rugby
09Jan07 | avoir froid
Hélène est très particulière.
J'ai fait sa connaissance en avril 06, à Poitiers, où j'étais venue rencontrer ses élèves.
Il y a quelques temps, elle a animé avec son collègue Pierric, documentaliste, un atelier d'écriture pendant un vide-grenier.
Hier, en vraie tante indigne, elle est allée supporter son neveu qui jouait au rugby, sauf qu'au lieu de crier avec la petite foule bien serrée dans une tribune, elle s'est isolée dans une autre*, pour se geler en lisant un livre d'hiver.
J'ai terminé hier après-midi "Les Adolescents Troglodytes". J'étais dans les tribunes d'un petit stade de rugby près de Montauban ( j'étais allée voir mon neveu jouer dans la boue). Je sais bien que les gens trouvaient ça bizarre de lire un livre ici... Ils me regardaient étrangement mais moi je voulais terminer ça absolument parce que c'est beau et que je ne voulais pas m'arrêter.
C'est aride, rapeux et lyrique, lyrique. ça m'a fait "bellement" mal par endroits (...)
J'aime cette écriture du pays, du paysage, de l'intérieur, des gens. Encore une fois (je te l'ai peut-être déjà dit ou écrit) ça résonne de Faulkner, de Giono, de Deleuze... oui, c'est lyrique comme ça, sans concession.
Il y a quelques années je travaillais dans un collège rural près de Tours. Je faisais la route depuis Poitiers et je passais sur le chemin du bus, avant lui parce que j'arrivais tôt. Dans la lumière des phares l'hiver, je voyais les enfants qui attendaient, les adolescents... Ils étaient comme les raisins d'une grappe : un ici, deux là, 4 ou 5 là-bas... Le bus les ramassait... j'ai pensé aussi à eux en lisant ton livre.
Merci encore, c'est magnifique, sincèrement.
Hélène
PS : je t'envoie ces photos parce que c'était "roots" l'ambiance et j'aimais bien ces petites tribunes et l'église qu'on voyait du stade, entre les poteaux ( c'est la religion rugby là-bas...). c'était pas vraiment en décalage avec le livre.
*Cela m'a fait penser à une scène de ce film magnifique d'André Téchiné, lorsque François et Henri regardent un match de rugby que dispute Serge, admirablement filmé : François se retourne vers Henri, ils s'isolent dans un dialogue, oublient Serge un moment.
Ps : Hélène m'écrit : "Pour la petite note, je ne m'étais pas isolée c'est qu'on était là avant les autres, c'est donc avant l'arrivée des spectateurs (t'imagine, là ils auraient pensé que j'étais une vraie snob; et puis j'aime bien y être dans les tribunes et les écouter, les autres, les spécialistes, les spectateurs professionnels, les femmes et les hommes...)
Je te bise Emmanuelle".
Je lui réponds ici : oui, ok, mais lire c'est toujours s'isoler et la photo dit cet isolement, et aussi : souvent, lire, c'est snob, comme écrire, parce qu'alors on se fout de tout ce qu'il y a autour.
J'ai fait sa connaissance en avril 06, à Poitiers, où j'étais venue rencontrer ses élèves.
Il y a quelques temps, elle a animé avec son collègue Pierric, documentaliste, un atelier d'écriture pendant un vide-grenier.
Hier, en vraie tante indigne, elle est allée supporter son neveu qui jouait au rugby, sauf qu'au lieu de crier avec la petite foule bien serrée dans une tribune, elle s'est isolée dans une autre*, pour se geler en lisant un livre d'hiver.
J'ai terminé hier après-midi "Les Adolescents Troglodytes". J'étais dans les tribunes d'un petit stade de rugby près de Montauban ( j'étais allée voir mon neveu jouer dans la boue). Je sais bien que les gens trouvaient ça bizarre de lire un livre ici... Ils me regardaient étrangement mais moi je voulais terminer ça absolument parce que c'est beau et que je ne voulais pas m'arrêter.
C'est aride, rapeux et lyrique, lyrique. ça m'a fait "bellement" mal par endroits (...)
J'aime cette écriture du pays, du paysage, de l'intérieur, des gens. Encore une fois (je te l'ai peut-être déjà dit ou écrit) ça résonne de Faulkner, de Giono, de Deleuze... oui, c'est lyrique comme ça, sans concession.
Il y a quelques années je travaillais dans un collège rural près de Tours. Je faisais la route depuis Poitiers et je passais sur le chemin du bus, avant lui parce que j'arrivais tôt. Dans la lumière des phares l'hiver, je voyais les enfants qui attendaient, les adolescents... Ils étaient comme les raisins d'une grappe : un ici, deux là, 4 ou 5 là-bas... Le bus les ramassait... j'ai pensé aussi à eux en lisant ton livre.
Merci encore, c'est magnifique, sincèrement.
Hélène
PS : je t'envoie ces photos parce que c'était "roots" l'ambiance et j'aimais bien ces petites tribunes et l'église qu'on voyait du stade, entre les poteaux ( c'est la religion rugby là-bas...). c'était pas vraiment en décalage avec le livre.
*Cela m'a fait penser à une scène de ce film magnifique d'André Téchiné, lorsque François et Henri regardent un match de rugby que dispute Serge, admirablement filmé : François se retourne vers Henri, ils s'isolent dans un dialogue, oublient Serge un moment.
Ps : Hélène m'écrit : "Pour la petite note, je ne m'étais pas isolée c'est qu'on était là avant les autres, c'est donc avant l'arrivée des spectateurs (t'imagine, là ils auraient pensé que j'étais une vraie snob; et puis j'aime bien y être dans les tribunes et les écouter, les autres, les spécialistes, les spectateurs professionnels, les femmes et les hommes...)
Je te bise Emmanuelle".
Je lui réponds ici : oui, ok, mais lire c'est toujours s'isoler et la photo dit cet isolement, et aussi : souvent, lire, c'est snob, comme écrire, parce qu'alors on se fout de tout ce qu'il y a autour.
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