sortez-vous de là
12Sep06 | tout le corps
Parfois les réactions de mes élèves me laissent désemparée. Leur réflexion si pauvre, leur culture tellement étroite, les empêchent de comprendre, de créer, de rêver, à quoi que ce soit.
Je peux m'échapper de ce climat obtus. J'écris, je lis, j'ai des échanges passionnants avec des amis, des proches, des lecteurs et, depuis quelques mois, avec des personnes inconnues de blog en blog.
Mais dans chaque classe, je vois d'autres jeunes aux yeux chercheurs, avides, se fatiguer. Ils veulent en savoir plus, il veulent voir, comprendre, aller plus loin. Ils cherchent dans mes mots, mais voilà que je m'occupe des autres, ceux qui veulent rester dans l'ignorance.
Le comble, hier, avec les quatrième : ils ont pioché au hasard "un mot perdu", ce mot, dont l'usage s'est perdu, est accompagné de sa définition. Ils doivent alors élaborer une oeuvre, dont ce mot est le titre. Un de mes élèves avait pioché un mot qui veut dire "homme ignorant". Madame, je comprends pas la définition, madame, c'est trop dur, etc. Je me suis assise à côté de lui, j'ai essayé de lui expliquer ce que le mot signifiait, puis le conduire vers une interprétation artistique pas trop illustrative.
Il m'a alors jaugée, avec tout le mépris qu'il pouvait contenir/retenir envers tout ce qui lui paraissait comme "intellectuel". Et de conclure : "j'ai toujours rien compris à votre machin". Sa camarade s'est alors exclamée : "et ben alors t'as qu'à te représenter toi !"
Des comme lui, il y en a plein. Les parents, le niveau de vie, la télé, non, je suis désolée, ça n'explique pas tout. Mais le mépris de l'école, de la culture, de la lecture, les coups de boule à la moindre insulte, à la moindre difficulté, le climat anti-intello, oui. Ras le bol d'excuser la mauvaise foi.
Je regarde ceux qui veulent comprendre le pourquoi du comment, retourner les oeuvres jusqu'à ce qu'elles fassent sens, les creuser, les observer. Ils ne sont pas nombreux. Ils ne sont pas, de loin, les "meilleurs" élèves, les plus scolaires, mais ils n'ont pas honte de vouloir savoir, ils n'ont pas honte de vouloir comprendre, ils n'ont pas honte de savoir et de comprendre, et surtout, ils se savent différents, et l'assument ouvertement. Je m'en veux n'avoir pas plus de temps à leur consacrer. Je m'en veux de perdre leur temps avec l'ignorance arrogante des autres.
J'ai envie de leur dire : ne perdez plus votre temps, sortez-vous de là, allez lire, courir, créez, écrivez, ne vous occupez plus de mes sujets, sortez de l'école !
Mais sans eux, je deviendrais folle...
Je peux m'échapper de ce climat obtus. J'écris, je lis, j'ai des échanges passionnants avec des amis, des proches, des lecteurs et, depuis quelques mois, avec des personnes inconnues de blog en blog.
Mais dans chaque classe, je vois d'autres jeunes aux yeux chercheurs, avides, se fatiguer. Ils veulent en savoir plus, il veulent voir, comprendre, aller plus loin. Ils cherchent dans mes mots, mais voilà que je m'occupe des autres, ceux qui veulent rester dans l'ignorance.
Le comble, hier, avec les quatrième : ils ont pioché au hasard "un mot perdu", ce mot, dont l'usage s'est perdu, est accompagné de sa définition. Ils doivent alors élaborer une oeuvre, dont ce mot est le titre. Un de mes élèves avait pioché un mot qui veut dire "homme ignorant". Madame, je comprends pas la définition, madame, c'est trop dur, etc. Je me suis assise à côté de lui, j'ai essayé de lui expliquer ce que le mot signifiait, puis le conduire vers une interprétation artistique pas trop illustrative.
Il m'a alors jaugée, avec tout le mépris qu'il pouvait contenir/retenir envers tout ce qui lui paraissait comme "intellectuel". Et de conclure : "j'ai toujours rien compris à votre machin". Sa camarade s'est alors exclamée : "et ben alors t'as qu'à te représenter toi !"
Des comme lui, il y en a plein. Les parents, le niveau de vie, la télé, non, je suis désolée, ça n'explique pas tout. Mais le mépris de l'école, de la culture, de la lecture, les coups de boule à la moindre insulte, à la moindre difficulté, le climat anti-intello, oui. Ras le bol d'excuser la mauvaise foi.
Je regarde ceux qui veulent comprendre le pourquoi du comment, retourner les oeuvres jusqu'à ce qu'elles fassent sens, les creuser, les observer. Ils ne sont pas nombreux. Ils ne sont pas, de loin, les "meilleurs" élèves, les plus scolaires, mais ils n'ont pas honte de vouloir savoir, ils n'ont pas honte de vouloir comprendre, ils n'ont pas honte de savoir et de comprendre, et surtout, ils se savent différents, et l'assument ouvertement. Je m'en veux n'avoir pas plus de temps à leur consacrer. Je m'en veux de perdre leur temps avec l'ignorance arrogante des autres.
J'ai envie de leur dire : ne perdez plus votre temps, sortez-vous de là, allez lire, courir, créez, écrivez, ne vous occupez plus de mes sujets, sortez de l'école !
Mais sans eux, je deviendrais folle...
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