police de caractère
Il a du caractère, il n'est pas toujours facile... mais il en faut, pour écrire, du caractère. Pour écrire dans n'importe quelle police. Il me reproche souvent d'être trop curieuse. Ce texte doit être publié dans le journal du lycée, est-ce qu'il s'agit d'un secret ? Je me le mets en ligne ce matin, si mon fils n'est pas content, je le saurai cet après-midi, il me fera un comment taire. Ce soir donc, son texte n'y sera peut-être plus...

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Un été, Sylvère avait envisagé d'ouvrir sa mallette aux trésors, celle de son enfance. Pour se souvenir de ses secrets. Il n'était plus sûr du code. Alors il y avait été aux tenailles, puis à la hache.

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C'est étrange de lire sa prose : c'est une peu comme ouvrir cette valise. Son écriture ressemble à la mienne au même âge, mais avec ses mots à lui, un peu, comment dire... écrits à coups de hache, et aussi, ce qui me frappe le plus, avec, presque, une écriture de garçon. L'adolescence est très sexuée, j'aurais pu m'en douter, que son écriture serait masculine*. Et voilà ce qui nous sépare le plus je crois : jamais je n'aurai cette idée d'ouvrir mon jardin secret à la hache. Je lis les mots de mon fils aîné et je n'en fini pas de comprendre combien nous sommes proches et étrangers l'un à l'autre, essentiellement par ce mystère : j'ai eu un garçon**, devenu si grand que je ne peux plus le porter depuis longtemps, tandis qu'il soulève des billots bien plus lourds que moi.

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Choisissez-en un ou plusieurs... ou rien. (Quik-Dark)
l’italique :
Secte

Bienvenue chez les malvenus, entrez dans le cercle, entrez dans le ring céleste, sous mon auréole vicieuse à contresens. Le Backstage V.I.P. pour l’apocalypse ou l’éllipse, c’est 300€ Toute Tuerie Comprise, ou en nature polluée.

le gras :
Saveur (pompée)

Je vœux juste une langue pour tirer (porc tu hère), une langue pour parler, une langue dans ma bouche, tirer, tirer sur la solitude et tirer la timidité, entre ses lèvres, sans moustaches comme mon regard sans maître ni élève, je m’élève, sur cet être, cette lettre qui me fût fatal(e)...
Je suis arrivé à un stade d’indifférence totale, hier soir il y a eu des coups de feux mouillés dans mon quartier, c’était en bas de chez moi et je suis resté allongé, les gens disent que c’est mal, es-ce mal d’aimer ? Mal aimé ? je vois deux fois mieux en double mon regard est malmené, que faire à part me la ramener ? ramer ? c’est au fer rouge qu’on m’a amené, pour me ramener, rien à faire, le jour d’avant je me suis souvenu qu’on était hier, j’ai bon dos, le dos de la cuillère, ma tête est têtue comme une poudrière, quand la vie m’a accueillie dans son bordel histoire de me faire dépuceler, ça s’est très mal passé, c’est à cause de mon passé, que j’aime pisser, avec ma faux mes fautes et ma capuche à la mort je ressemblait, ça dépasse l’entendement j’ai entendu crier cirer “à la mort !” quand je suis passé, mon sang est glacial et mon regard mord comme pince un cétacé, quand le poulailler des coquettes caquette “c’est assez !”, c’est dans leurs becs, que les chiens bouffent des croquettes, en fait, je suis comme tout le monde j’aime la fête, vaut mieux fêter la fessée, et je prend des risques en train de me mouiller, sauf que mon existence repose sur un cachet, d’aspirine, j’aspire, je suis “in”, de la couleur de mon teint, sur ma tête de mule qui ne se comprime quand on la tiens, tien dans ta tête c’est pas compris, dans mes textes toutes mes saveurs et mes primes sont comprises, ça y vas ça y est, c’est arrivé, j’ai mis les doigts dans la prise, à mon arrivée, la salope je ne l’avais pas vue elle s’était cachée, sous un cachet de la poste, cachez-vous tous à vos postes, mon postit me rappelle, je suis en train d’écrire un poème avec entrain, donc je disais, enfin j’écrivais : enfin un cachet de la couleur de la coke, des bulles de coca et du plâtre, fais gaffe, ses vapeurs toxiques quand tu le grattes, sont plus eufollisantes, enlisantes, que l’Absinthe, comme l’amour ah ! la feinte !, la Burn m’endors et l’alcool me réveille, alors je veille, mais ça ne vaut pas le miel, des yeux de cette abeille, piquante comme une rose, cette folie cette fille maintenant femme devant qui rien je n’ose, a de si belles pupilles que tu ne sait même, pas si elle te regarde, j’aimerais qu’elle m’aime, et si tu la vois par mégarde, prend, et reste sur tes gardes, mes conseils tu te les tutoies et tu te les gardes, cet être féminin est le meilleur réveil de la planète, et moi la drogue, faut que j’arrêtes...

le souligné :
3 heures (scientifiquement et artistiquement prouvées)

Quand tu dors trois heures par nuit tu comprends que ta journée commence quand tu te réveilles et non à la première heure de cours, eh ! t’es au courant ? la musique est un courant qui cours et emportes le cours, les courses et l’existence courte, une course de frénésie qui coupe court et dirige, irrigue, les dirigés, vers l’héroïsme, l’érotisme (enivrant comme l’héroïne) de la banalité, entassés dans des cartons, dans lesquels ne dorment plus les marginaux, 3 heures, anaphore pour ne pas dépasser dans la marge, 3 heures de repos, 21 heures de vie, trois, 90 jours de vie par an, apprendre à apprendre à n’en pas profiter, 3 heures pour résister au profit qui emplâtre la face à nos profils, 3 heures une auréole vicieuse de bruit, une vie au bout du fil, 3 heures de défit, de déficit, devant les défilés de diversité on se défile, pourtant on est plus des garçons, des filles, on est un ménage à 3 : Travail, Famille, UNiformisationm ; la vie : une boîte d’oeufs qui nuit, tenue correcte exigée, enfants, retraités et marginaux non-ad mis ; l’existence : tu ris, pas de tuerie sale truie, une free party, une utopie, une anarchie, avec trois heures de sommeil par nuit...


* On parle souvent d 'écriture féminine (est-ce qu'elle existe, ou pas, etc) et très peu d'écriture masculine : ce serait l'écriture tout court. Or, à moi il me semble que très très peu d'hommes écrivent de manière sexuée (les femmes beaucoup plus) - là je ne parle pas des ados, je parle des écrivains on va dire "adultes" ... De tous les textes lus ces derniers mois, je ne pourrais dire si un homme où une femme les a écrits (sans se préoccuper des thèmes, en ne regardant que l'écriture). Et quand je ne peux pas le dire, et bien soit je constate (j'en ai connais deux, Cécile et Mallaury pour ne pas les nommer, qui s'amuseraient beaucoup avec ce "constater" là, placé ici...), soit je constate, donc, que c'est un homme, soit que c'est une femme dont je me dis qu'elle écrit mal ! L'exception étant encore et toujours cet homme écrivain, cet homme écrivant, Joël Bastard (il dit qu'il a une écriture physiologique, pour expliquer cette présence de son corps), dont l'écriture masculine est tellement travaillée qu'elle est à la fois très sexuée, et universelle : humaine. Elle passe par le genre pour le transcender.

** et même
deux, mais le petit encore est si petit. Plus une fille, dont l'adolescence commençante se révèle encore plus compliquée et difficile...
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