Coquilles

Il y a quelque chose qui énerve dans les livres, ce sont les coquilles.

Mallaury m’avait ouvert les yeux sur une belle et poétique.

Il serait temps maintenant que je parle de celles qui m’embêtent le plus : celles de mes livres.

Dernièrement, lorsqu’on m’a appelée pour me dire “on réimprime, vous avez vu des coquilles ?”, j’ai dit “ben non”, parce qu’évidemment les lecteurs me les désignent trop tard, ou je m’en aperçois encore plus tard, lors de lectures publiques de mes propres textes, parce que ces textes-là, non, je ne les relis pas pour moi seule, pas envie, et puis j’ai tellement d’autres textes à lire…

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Souvent, des lecteurs prennent pour des coquilles ce qui n’est que langage du coin, local, ou juste connu sous sa forme orale : dans ”Je regarde les autres, trempes et crevés“, il ne manque pas l’accent, il s’agit bien de ”trempes“, plus fort que ”trempés“… (p.192 des Adolescents troglodytes).

Tournures de mes pays que tout le monde ne comprend pas forcément Les verbes ”bader“, ”répapiller“ du Tiroir à cheveux étaient difficilement traduisibles, ou bien il fallait mettre de côté tous les abords de leur sens, et surtout abandonner l’accent et ça jamais ! Dans mes livres il y a des accents, j’y tiens !

Les ”cagarauletas“, puisqu’on parle de coquilles, ne sont pas des escargots comme les autres… ni les ”pouffres de roc“ de Pas devant les gens des poulpes ordinaires

Mais l’inverse c’est produit aussi… et dans Le Tiroir à cheveux (p.49), “J’étais à plage je me souviens “ n’est pas une tournure régionale, comme l’ont cru certains lecteurs, mais bien une coquille, il faut lire “J’allais à la plage je me souviens “…

Il y a par ailleurs des coquetteries stylistiques de ma part qui ne sont ni des coquilles ni des erreurs… Par exemple p.169 des Ados, ” je n’ai pas confiance au soleil”, et non “dans le soleil”, parce que c’est aussi : je n’ai pas confiance, s’il fait soleil… je n’ai pas confiance quand je suis au soleil, ni dans le soleil…

Dans Les Adolescents troglodytes le passage du féminin au masculin est volontaire… Je le dis, parce qu’il y a des lecteurs qui, si si, qui me font remarquer des problèmes d’accord de genre alors je soupire en leur disant heu oui, continuez à lire, vous comprendrez. Quand ils ne continuent pas, lassés pour des tas de raison (“c’est bizarre”, “y’a trop de nature”…) , ils confirment : je te jure, ton éditeur a laissé passer plein de fautes d’accord… Je me rassure en me disant que ces personnes sont des “proches” qui se sont forcés à lire ce roman que je ne leur avais pas conseillé, mais comme ils me connaissent, ils veulent “voir”… passons et revenons à nos escargots :

Toujours dans les Ados, p. 54 : “mais il a voulait bien m’accompagner” Le ”a“ est en trop.

p. 180 : ”Excusez-les, madame, ils jouent encore au cow-boys, vous savez“ là ce n’est pas vraiment une coquille, c’est un ”madame vous“ qui est resté après le passage au tutoiement , il m’a échappé (et je peste)…

Et enfin, la pire du pire, alors que j’avais très travaillé cette fin, oui la pire des coquilles de tous mes livres est à la fin des Ados : un ”r“ manque à la dernière phrase ”renter le jour, le froid et le bruit“ , moi qui était restée un bon moment sur le rythme de cette phrase…

C’est tout ? Je crois bien que non, alors merci par avance, même si c’est assez désagréable, de me les signaler dans des commentaires-corrigés.

En photo : un escargot de Paul dans la cage du loir…

4 commentaires à “Coquilles”


  1. 1 janu 6 juin 2007 à 3:31 pm

    Juste pour rire et pas pour être désagréable, “moi qui étaiT restée un bon moment sur le rythme de cette phrase”, c’en est une ou c’est un jeu sur la schize du sujet lyrique (j’aime assez, j’aurais été capable…) ? ;)

  2. 2 emmanuelle 6 juin 2007 à 3:42 pm

    Pfeu trois fois je l’ai corrigée cette faute ! Elle y est encore ?
    Bon je vais la re-re-re-corriger. Il doit y avoir quelque chose là-dessous…

  3. 3 sabine 14 juin 2007 à 6:52 pm

    j’ai tellement dévoré votre livre que je n’y ai vu aucune des coquilles que vous avez repérées… par contre, j’ai bien remarqué le passage du féminin au masculin, et vice-versa, et je l’ai dégusté avec plaisir : le fait de faire passer une idée pas uniquement dans les mots choisis, mais aussi par leur orthographe.

  4. 4 emmanuelle 14 juin 2007 à 8:35 pm

    Merci Sabine !

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