Titres et couvertures

La Rivière, la rivière était le titre de ce texte.

“Emmanuelle, “La rivière, la rivière” est assez mal perçu en général, notamment par les
services commerciaux, ce qui n’est pas bon pour le livre”
m’avait-on écrit…

Et voici la couverture, assez proche des photos de Cécile*, qui était prévue à l’origine :

À la place de :
couvPas.jpg

Alors je m’étais un peu énervée :

“Ce qui ne me plaît pas surtout dans cette image, en plus de voir un
visage, c’est la couleur. Le rouge ne correspond pas du tout à ce que
vous appelez “le propos”. Le rouge n’a rien à voir avec ce que j’ai
écrit, ni à la façon de l’écrire. Alors ça m’embête beaucoup. Est-ce
qu’il n’est pas possible, au moins, de changer la tonalité de cette
photo, et de la basculer en bleu ? Le bleu bien sûr c’est une couleur
froide, mais pas seulement : dans le texte elle répond au retrait de la
mère, mais aussi à la mer, à la rivière, à la bille, au feu follet, au
jour, et j’en passe. Merci de tenir compte de tout ça.
Emmanuelle.”

“Emmanuelle,
Votre réaction ne m’étonne en rien mais sachez que pour les couvertures, je
ne suis pas seule à décider (service artistique, commercial…). Le
problème, c’est qu’en bleu, le service commercial ne trouve pas ça attractif
et je crois qu’il faut leur faire confiance, ils imaginent tout de suite le
placement sur les tables de librairies pleines à craquer comme vous savez;
ils visent une note plus distinctive. Le rouge attire l’oeil et rompt avec
une tonalité un peu molle. Attention, une couv n’est qu’une couv et votre
texte reste votre texte, c’est juste un paquet cadeau en somme. Je ne
voudrais vraiment pas que vous vous froissiez à cause de ça, ce serait trop
bête. La tonalité rouge donne une ambiguité intéressante sur la plan
commercial, profitons-en.“

Au Rouergue, on n’avait pas voulu non plus de mon titre - À goutte - pour ce texte. Mais au moins, la couverture est très belle, grâce à Chloé Poizat.

couvPour.jpg

Chez POL, aucune difficulté : la couverture est blanche, les auteurs choisissent les titres et écrivent même leur quatrième, ce qui m’a permis d’inverser la narration pour Le Tiroir à cheveux.
Mais voilà, paraît-il, beaucoup de personnes en librairie reposent
Les Adolescents troglodytes après l’avoir tourné… Tant pis, c’est le revers de cette liberté qui nous est offerte de concevoir jusqu’au dos des livres, et de ne pas céder au commercial…

* Ces photos avaient été faites pour ce roman.

7 commentaires à “Titres et couvertures”


  1. 1 janu 3 juin 2007 à 7:07 pm

    Oui enfin, il y a beaucoup de livres qu’on repose après les avoir manipulés en librairie, pour des raisons multiples et variées. J’ai moi-même reposé deux fois Les Adolescents troglodytes (après en avoir lu des extraits en ouvrant le livre, on ne doit pas être une majorité d’après les statistiques des commerciaux mais ça existe), et c’est aussi une affaire d’humeur, et d’humeur de lecture. Ce livre-là ou un autre que j’ai reposé je peux aussi, tout à coup, descendre le chercher à la librairie parce que c’est maintenant. Il y en a d’autres, le Jauffret, le Jelinek, j’attends qu’ils sortent en poche, ce sera plus pratique et moins cher, et quelle urgence. Mais les commerciaux peuvent toujours refuser à l’auteur sa subjectivité pour essayer de rationaliser, comme si les lecteurs n’avaient pas aussi la leur…

  2. 2 emmanuelle 3 juin 2007 à 7:47 pm

    Moi j’en sais rien, je ne vais quasiment jamais en librairie sauf pour aller chercher des libres commandés à l’avance : impossible de “descendre le chercher à la librairie parce que c’est maintenant” (plus d’une heure de route). Mais ce sont les libraires qui m’ont raconté ce truc de la carte qui déstabilise… et j’ai vu certains lecteurs lors de “salons” froncer les sourcils en la découvrant, puis reposer le livre.
    Les commerciaux n’ont rien à faire avec l’art, la création, voilà mon point de vue radical, et c’est pourquoi je dis à mes élèves “non, la publicité n’est pas dans le champ artsitqiue, même si elle en utilise les codes et le langage”.
    Bien sûr que le lecteur a sa subjectivité et je crois que le lecteur et l’auteur sont les mêmes.

  3. 3 Rémi 7 juin 2007 à 3:59 pm

    Bonjour,
    C’est vrai qu’un livre est un objet et qu’il y a un rapport sensuel dont il est difficile de se démarquer. Moi j’adore “caresser” les rainures des livres de chez P.O.L.!
    J’esaie aussi au maximum de ne pas lire les 4èmes de couverture, quitte à m’en empêcher. je préfère encore les (bonnes) critiques, quoique les mauvaises me poussent parfois tout autant vers un auteur. Et puis il y a des éditeurs qu’on aime:POL, Sabine Wespieser, Editions de l’Olivier …
    Et puis il y a les auteurs que l’ont suivra quelle que soient leurs éditeurs ou leurs couvertures …!
    Rémi

  4. 4 emmanuelle 7 juin 2007 à 4:11 pm

    “Et puis il y a les auteurs que l’ont suivra quelle que soient leurs éditeurs ou leurs couvertures …!” c’est gentil ça (je le prends pour moi !).

  5. 5 Rémi 8 juin 2007 à 8:49 am

    c’est exactement ça, mes fautes d’orthographes en moins !

  6. 6 gilda 8 juin 2007 à 9:07 am

    Bon alors une fois de plus je dois faire partie des extra-terrestres : je suis persuadée que si je n’avais jamais rien lu de toi, ni ne t’avais rencontrée deux fois pour la première fois ;-) , ni n’avais jamais entendu parler de ton travail,
    tes Ados je les aurais pris rien que pour la 4ème de couv.

    (il faut dire que celles de dab je les évite et ne m’y fie pas : souvent elles disent trop et déflorent la lecture, d’autres fois elles passent complètement à côté de l’essentiel du livre et en donnent une idée fausse ; en général j’évite de les lire avant d’avoir lu le livre et s’il s’agit d’un choix à faire je feuillette directement dans le texte, au hasard et je vois si j’accroche ou non ; c’est vrai que je m’étais dit que celles de chez P.O.L. étaient bien, je comprends mieux à présent)

  7. 7 gilda 10 juin 2007 à 11:08 pm

    J’avais oublié, je retombe dessus alors que je recherchais l’adresse de mon billet sur le film de Jean-Stéphane Bron “Mon frère se marie”, mais à preuve que ton 4ème de couv il m’avait beaucoup plu, c’est lui que j’avais spontanément choisi pour illustrer le billet où je causais de tes “Adolescents …” :

    http://gilda.typepad.com/traces_et_trajets/2007/02/les_adolescents.html

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